Historique de Trouville

Une topographie déterminante

La topographie et la situation géographique de Trouville ont largement influencé sa morphologie urbaine. La commune s’est structurée à partir des reliefs, du littoral et de l’estuaire de la Touques. Le paysage naturel a imposé ses contraintes sur l’espace bâti, et l’histoire de la construction de la ville a renforcé les contrastes et les diversités de sa physionomie : présence de la mer et développement des activités associées (pêche, tourisme balnéaire…), plateaux vallonnés résidentiels ou marqués par des activités plus rurales, zone densément bâtie d’activités de services et de commerces…. sont découpés par des falaises ou des talwegs.

Plusieurs séquences sont lisibles dans l’espace trouvillais :

  • La partie basse avec les quais qui longent la Touques comme axes de circulation importants, et la plage de sable fin plus en retrait,
  • La partie densément construite du centre-ville qui concentre les commerces, les services et qui suscite de nombreux déplacements,
  • Les plateaux supérieurs qui accueillent de grandes propriétés arborées et qui opèrent la transition avec les bocages de l’arrière-pays,
  • Des espaces bâtis satellitaires : zones d’activités, quartiers de logements sociaux, entreprises...

Deux activités principales, la pêche et le tourisme, ont participé aux typologies d’habitat : la maison de pêcheur et la maison de villégiature. Sur la partie haute, des fermes traduisent encore les activités rurales de la commune.

Petite histoire de l'urbanisme et de l'architecture de Trouville

A partir du petit village de pêcheurs, dont l’origine remonte au Moyen Age, le coeur historique s’est développé sur les rives du ruisseau Callenville.

Bien plus tard, à partir du milieu du XIXe siècle, Trouville est devenue progressivement une station balnéaire très prisée des parisiens. A cette époque, l’afflux de population qui accompagne l’essor du chemin de fer et la réduction des temps de trajet se répercute sur la morphologie de la commune et sa typologie architecturale. De nouvelles constructions s’épanouissent avec de grands projets d’hôtels prestigieux. La ville s’étend jusqu’à « l’annexion d’Hennequeville en 1847, convoitée pour sa splendide étendue de sable fin » (Moisy, 2013).

Autre espace emblématique, le quartier des pêcheurs s’organise en paliers successifs selon les courbes de niveau qui suivent la topographie particulière. Le quartier commerçant, lui, devient le centre névralgique de Trouville. Toujours au cours de la seconde partie du XIXe siècle, la « Reine des plages » attire de plus en plus de touristes. Les peintres participent à sa réputation. La pratique répandue des bains de mer donne naissance aux quartiers des bains. Composé d’hôtels et de villas luxueuses, ce quartier abrite tous les attributs pour accueillir le flux ponctuel et estival de touristes : restaurants, équipements de loisirs... La population de Trouville est alors multipliée par deux l’été.

En 1868, avec l’aménagement de la promenade des planches, la ville prend le statut d’une station balnéaire d’envergure. La construction du quartier des villas de bord de mer s’accélère, dans le prolongement du quartier des bains. Se forme alors un véritable « écran entre la ville et la mer » (Bodin et al, 2011). Sur les pentes de la commune, désormais bâties, d’étroits passages vers le rivage offrent des échappées où se dévoilent quelques pans de perspectives marines.

Du côté de la falaise, l’architecture se caractérise par le style anglo-normand et le phénomène de normandisation apporté par l’avènement du néo-régionalisme. La multiplicité des styles s’explique aussi par le fait que la municipalité n’empêche pas le développement urbanistique conduit par de nombreux promoteurs privés. Elle ne jouit pas de moyens financiers suffisants car les coûts engendrés par la construction du casino sont trop importants.

Trouville connaît son âge d’or au tournant du XXe siècle. En 1900, la population atteint 6100 habitants, dont 11% de pêcheurs. Elle est le rendez-vous de la haute société parisienne l’été, tout en gardant ses activités halieutiques. La commune doit faire face à la concurrence voisine avec la création de Deauville. Elle perd des habitants et ne compte plus que 6000 habitants en 1936. Trouville ne s’engage plus dans de grands projets alors que l’expansion de Deauville s’accélère et que sa réputation se renforce. Le charme discret de la station familiale, qui s’oppose aux paillettes de sa voisine, attire alors des figures littéraires farouchement attachées à la " Reine des plages " : Marguerite Duras ou René de Obaldia marchent sur les pas de Gustave Flaubert ou de Marcel Proust…